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- Marie et les Garçons -

(Marie à la batterie, Fourvière 78, Photo SD)

Fulgurante !

C'est le qualificatif qui sied le mieux à la carrière de Marie et les Garçons. Il aura suffit en effet de deux 45 tours et d'une poignée de concerts pour que ce groupe controversé entre dans la légende du rock français. Refusant d'adhérer aux critères du moment (la punkitude était de rigueur en ces temps-là), c'est parfois sous une pluie de canettes que le groupe était amené à jouer. Et pourtant, Marie et les Garçons dispensait une musique originale, imaginative et surtout sans compromis, ce qui leur vaut de rester dans les mémoires aujourd'hui, alors que beaucoup de leurs contemporains français de 1977 ont sombré dans l'oubli. Mais revenons à Lyon en 1975 pour les débuts de cette météorite que fut le groupe Marie et les Garçons.

Re-bop Attitude !

C'est en effet au lycée Saint-Exupéry à Lyon que, à l'occasion de la fête de fin d'année scolaire 1975, les Damned Pirates, groupe de lycéens, décident de donner un concert. Alors, plus par défi que par ambition ou vocation, Marie Girard (chant), Patrick Vidal (basse, chant), Erik Fitoussi (guitare), Christian Faye (guitare) et Philippe Girard (batterie, frère de Marie) se réunissent sous le nom de Femme Fatale pour concurrencer leurs petits camarades. Femme Fatale ne joue à ce moment que des reprises piochées dans les répertoires du Velvet Underground, de Roxy Music, des Seeds, des Modem Lovers et de David Bowie. Les deux groupes remportent un franc succès, les Damned Pirates se muant l'année suivante en Starshooter après le départ de leur saxophoniste. Mais ceci est une autre histoire que vous a déjà racontée JBM.

Femme Fatale ne donne que très peu d'autres concerts, à part pour quelques anniversaires, pour le nouvel an et pour la fête du lycée en 1976 ! Entretemps, le groupe a changé et de nom et de personnel : Philippe Girard rejoignant Electric Callas (autre formation lyonnaise mythique), c'est Marie Girard qui passe derrière la batterie, alors qu'arrive Jean-Marc Vallod (basse), Patrick Vidal se consacrant alors entièrement au chant.

C'est Marc Zermati (fondateur du label Skygog} qui les baptise Marie et les Garçons, en référence à un titre de Burroughs taggé sur les murs de leur local de répétition. Les premières compositions du groupe voient le jour comme en témoigne leur première démo enregistrée en 1976 par Georges Branche à la Croix-Rousse ; "Deux Sur Une Banquette", "Le Comte Mexicain", "Je vais t'ébranler un peu" et "Marie et les Garçons" y figurent aux côtés de reprises du Velvet, de Television, de David Bowie et de Patti Smith. Une démo qui verra le jour officiellement presque 15 ans plus tard... mais nous y reviendrons.

L'éPOPéE PUNK

C'est juste après s'être séparés de Christian Faye, Patrick Vidal devenant le second guitariste, que Marie et les Garçons donnent, grâce à l'aide de Marc Zermati, leur premier véritable concert le 5 juin 1977 lors du festival de Mont-de-Marsan où l'on retrouve également Jam, Clash, Police. Là, devant 4 000 spectateurs, Marie et les Garçons (en chemise Lacoste et avec une batterie rose pâle !) reçoivent un bon accueil. Ils gardent un excellent souvenir de ce séjour où ils sont hébergés dans le même hôtel que les Damned, Clash et les Lou's (groupe français exclusivement féminin). A cette occasion, ils font la première page de Libération et rencontrent Michel Esteban, gérant du magasin parisien Harry Cover (qui donne dans le marchandising rock), rédacteur en chef avec Lizzy Mercier Descloux du magazine Rock News et ami de gens comme Richard Hell ou Patti Smith.

De retour à Lyon, ils jouent devant 2 000 spectateurs à la Maison de la Danse puis sont signés par Michel Esteban qui vient de fonder son propre label, Rebel Records. Bien qu'en contact avec Skydog, Marie et les Garçons choisissent l'option Rebel Records, en raison de désaccords musicaux avec Zermati. C'est juste à ce moment que Jean-Marc Vallod quitte la formation pour divergences musicales et rejoint Electric Callas (il est aujourd'hui chauffeur de taxi à New York et joue dans Soma Holidays}. A peine le temps de dire ouf et son remplaçant est trouvé en la personne de Jean-Pierre Charriau, un familier du groupe qui jouait jusqu'alors avec les Divines.

Les quatre foncent donc retrouver Michel Esteban et Lizzy Mercier Descloux (les répétitions se font dans la cave du magasin de fringues de cette dernière !) pour enregistrer et mixer en deux jours leur premier 45 tours trois titres : "Rien à dire", "A Bout de Souffle" et "Mardi soir". Ces trois morceaux sont signés Vidal-Eliasson (pseudo de Erik Fitoussi) et le single sort en décembre 1977, produit par Michel Esteban. Pour fêter ça. Marie et les Garçons jouent pour la première fois à Paris au théâtre Mouffetard le 5 décembre pour un concert très réussi qui verra également le jour ultérieurement sur disque. Le 45 tours (et le maxi au contenu identique) est très bien accueilli par la critique et le disque est très vite épuisé, d'une part en raison de la popularité grandissante du groupe et d'autre part en raison de son faible tirage (2 000 exemplaires seulement). Ce qui fait de ce 45 tours une pièce rare et très recherchée par les collectionneurs.

UN CERTAIN JOHN CALE

C'est donc remplis d'espoir et avec un moral au beau fixe que Marie et les Garçons débutent l'année 1978.. Une année qui commence en fanfare puisque John Cale les remarque et décide de les produire à New York ! Ami de Michel Esteban, John Cale vient de créer son propre label, Spy Records, et a flashé sur les bandes qu'il a écoutées. Rebel et Spy fusionnent et, fin mars 1978, Marie et les Garçons se retrouvent au studio Big Apple à New York pour enregistrer leur deuxième 45 tours sous la houlette de John Cale. La rencontre, malgré quelques divergences (absence de véritable dialogue, réticence de Cale par rapport au chant en français), porte des fruits inespérés puisque sont enregistrés lors de cette session de dix heures consécutives deux superbes morceaux : "Attitudes" en face A, lancinant et obsédant (avec quelques paroles en anglais, unique concession à John Cale), et surtout "Re-Bop" en face B qui deviendra quasiment l'hymne d'une génération avec son "Deux sur une banquette et toi dans le hall de l'hôtel" sur un tempo twist sautillant et léger. Pour l'anecdote, Marie et les Garçons voulaient à l'origine enregistrer deux versions de "Attitudes", la deuxième n'étant que larsens et voix parlées. C'est John Cale qui les dissuade, arguant à juste raison qu'il a déjà fait ça dix ans plus tôt ! John Cale s'est totalement investi dans son travail puisque, en plus de la production, il joue du piano et du marinba (sorte de xylophone) sur les morceaux.

Marie et les Garçons mettent à profit leur court séjour à New York pour jouer au mythique CBGB le 25 mars 1978 en première partie de X-Ray Specs. En deux petits sets le même soir, ils réussissent à s'attirer la sympathie d'un public qui pouvait voir la même semaine et sur la même scène les Jam, les Real Kids et Suicide. Le temps de prendre l'avion et ils font la première partie de Patti Smith le 26 mars, au Pavillon de Paris. Là, sans soundcheck mais avec le décalage horaire, le groupe est hué pour la première fois de sa courte existence. Patti Smith les réconfortera en leur laissant une partie de son cachet. Toutefois, Marie et les Garçons se remettent rapidement de leur déception car leur disque reçoit à sa sortie, en mai, un accueil dithyrambique de la part des critiques (45 tours du mois dans Best). Et, pour les mêmes raisons que pour le premier, ce simple est rapidement épuisé.

DISCO BOY

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour Marie et les Garçons même si Patrick Vidal se prend soudainement de passion pour la disco. L'été 1978 est chaud. Marie et les Garçons commencent par faire la première partie des Talking Heads le 6 juin au Stadium à Paris, puis ils font la clôture du Rock'n'Roll Mops, salle de concerts lyonnaise fermée sur décision administrative. Ils jouent ensuite le 8 juillet à l'Olympia, juste avant Bijou dans le cadre du festival Le Rock D'Ici (avec le renfort vocal des Divines) et le 29 au théâtre Antique de Fourvière à Lyon où ils partagent l'affiche avec Starshooter, Dave Edmunds, Bijou, Téléphone, Little Bob Story, Electric Callas, etc. Un événement qui reste dans la mémoire des Lyonnais pour une nuit entière de musique (le dernier groupe, Au Bonheur Des Dames, finissant à 6 heures du matin !) et pour la pluie de canettes que reçoivent Marie et les Garçons durant leur set.

Il faut dire que la nouvelle passion de Patrick Vidal commence à influencer sérieusement leur répertoire qui reprend désormais "Macho Man" de Village People ! Par solidarité, des membres des Starshooter, Téléphone et Bijou rejoignent Marie et les Garçons pour le rappel. Ce concert a été immortalisé sur la pellicule par Gilbert Namiand pour le film "New Wave French Connection". Michel Esteban, qui vient de fonder un nouveau label avec Zilkha, ZE, ressort en format maxi "Re-Bop". et "Attitudes" en Angleterre et aux Etats-Unis, avec en face B une version live du medley "Rien A Dire /Macho Man / Blood and Honey" enregistrée tors du concert de l'Olympia. "Blood And Honey" est un morceau d'Amanda Lear. On retrouve ce medley sur la compilation "Le Rock D'Ici A L'Olympia", sortie en octobre 1976 chez Pathé et produite par Michel Zacha, où il figure aux côtés de morceaux de Starshooter. Bijou, Stinky Toys, Asphalt Jungle, etc. Entretemps, le lendemain du concert de Fourvière, le ciel tombe sur les têtes de Marie et les Garçons quand Erik Fitoussi et Jean-Pierre Charriau reçoivent chacun une convocation bleu-blanc-rouge. Ils mettront quasiment six mois pour se défaire de la Grande Muette. Autant dire que le groupe est quasiment en sommeil durant le deuxième semestre 1978 même si des publicités annoncent "leur premier LP "Disco Boy", prochainement".

CLASH A NEW YORK

1979 doit être l'année du premier album de Marie et les Garçons : c'est ainsi que les quatre Lyonnais se retrouvent à New York au Blank Tapes Studio en février 1979 avec Michel Esteban. Cette fois c'est sûr, le style est définitivement disco et faire danser est le mot d'ordre du groupe et surtout de Patrick Vidal. Durant les trois premiers jours d'enregistrement, Marie Girard s'échine à assurer les parties de batterie. En pure perte car Marie n'est pas dans le trip disco et elle n'aime pas ce beat froid, mécanique et surtout très physique. Quand Jimmy Young, batteur mastodonte américain, qui a fait des sessions pour les Bee Gees fait son entrée dans les studios pour lui montrer ce qu'elle doit faire, Marie comprend que ses jours au sein du quatuor sont comptés. Michel Esteban, qui a toujours encouragé et poussé Patrick Vidal dans son virage disco, demande à Marie de partir, pour le bien du groupe. La rupture est immédiate, sans réflexion et sans dialogue, et Marie repart en France. Exit Marie et les Garçons, place maintenant aux Garçons ! Marie ne reste pas inactive pour autant puisque, dès son retour, Kent l'invite à venir jouer en studio sur "Starlette", morceau qui figure sur ie deuxième LP de Starshooter, "Mode".

Les Garçons finissent donc leur album qui sort en mars 1979 : "Divorce" en est l'inélégant titre et, malgré une entrée dans le Billboard (classement américain), entre Sylvester et Donna Summer, c'est un flop monumental. Il contient cinq titres à rallonge dans lesquels on a beaucoup de peine à entendre les Garçons, noyés qu'ils sont dans les synthés, les chÏurs, les violons, les cuivres et la rythmique disco. Le mixage de Tom Savarese n'arrange rien à l'affaire et enfin la pochette est complètement manquée. C'est la bérézina pour les Garçons qui ne sont pourtant pas au bout de leurs peines. En effet, le 45 tours et maxi extraits, "French Boys"couplé à "French Boys Reprise", ne marchent pas mieux que l'album et surtout la tournée qui suit en avril 1979 est un désastre. Le peu de public présent ne reconnaît plus le groupe qu'il avait apprécié les années précédentes puisque les Garçons sont désormais 12 sur scène ; outre Patrick Vidal (chant), Erik Fitoussi (guitare) et Jean-Pierre Charriau (basse), il y a Jimmy Young (batterie), Eric Melon (guitare), Allan Wentz (claviers), Milton Cardona (percussions), trois cuivres et deux choristes. A la suite de cette tournée de six dates (dont le 8 avril au Palace à Paris avec le renfort de Kent durant le rappel), les Garçons tentent de repartir, mais au bout de quinze jours de répétition, c'est le split entre Patrick Vidal d'un côté et Erik Fitoussi et Jean-Pierre Charriau de l'autre.

ULTIMES SOUBRESAUTS

Malgré tout, ZE sort fin 1979 un 45 tours enregistré lors des sessions de l'album avec en face A une version abominable de "Re-Bop" ("Re-Bop Electronique") couplé à "P4 N°1" : nouveau fiasco. "Re-Bop" paraît également en Angleterre sous le titre "Bop Electronique" couplé à la version originale, comme pour mieux mettre en valeur le gâchis. En 1979, ZE publie aussi le premier LP de Lizzy Mercier Descloux, "Press Color", enregistré à New York juste après "Divorce" et produit par Michel Esteban et Erik Elliasson (alias Fitoussi}, qui joue de tous les instruments et participe à l'écriture de quatre morceaux.

Patrick Vidal part alors aux Etats-Unis pour une année tandis que les deux survivants, Erik Fitoussi et Jean-Pierre Charriau, recrutent début 1980 le bordelais Eric Melon (guitare, chant, batterie, ex-Contrôle) et Chris Levrat (claviers) et reprennent les répétitions à Lyon. Fini le disco, les Garçons lorgnent désormais vers une pop à la Pretenders comme en témoigne le single rafraîchissant édité le 9 avril 1980 : "Les Deux Amants" (signé Fitoussi}, couplé à "Dans quelques Minutes" (Charriau/Meton). Toujours produit par Michel Esteban et par les Garçons, ce 45 tours est bien accueilli par la critique mais il ne connaît pas le succès. Une mini-tournée de trois dates est organisée dans la foulée par ZE pour promouvoir ses poulains : c'est ainsi que les Garçons retrouvent la scène (ainsi qu'un bon accueil} !e 20 avril à Bruxelles, le 21 à Paris au Palace et le 22 à la Bourse du Travail à Lyon avec Lizzy Mercier Descloux, Suicide Roméo et Casino Music. A l'occasion de ces concerts est distribué un 45 tours gratuit baptisé "Télépop" sur lequel chaque groupe reprend un ou deux génériques de télévision. Les Garçons gravent là "Amicalement vôtre" et "Les Globe-trotters". Cette pièce très rare, car jamais commercialisée, est le dernier témoignage vivant des Garçons puisque la formation ne survivra pas à l'échec du single. Michel Esteban tente de profiter des ultimes lueurs de flamme en sortant sur son label ZE la compilation sobrement intitulée "Marie et les Garçons". Cet album regroupe sur sa face A leurs deux uniques 45 tours puis quatre inédits provenant des sessions studio du LP "Divorce", à savoir "Décision Ou Parti Pris", "Tokyo Pékin", "La Petite Sentinelle" et "P4 N°2". Marie Girard ne figure pas sur ces morceaux qui sont des démos un peu améliorées et qui représentent bien la transition entre le deuxième 45 tours et l'album. Quant à la face B, elle a été enregistrée live lors du concert au théâtre Mouffetard du 5 décembre 1977. On y trouve entre autres perles la première version de "Encore l'Amour" avant qu'elle ne passe à ia moulinette disco sur "Divorce" et !a reprise de "Roadrunner " de Jonathan Richman.

SOLO EN OCTOBRE

Depuis, tous ne sont pas restés inactifs puisque Marie Girard, après son éviction, avait rejoint Electric Callas pour un bail de deux ans matérialisé par un maxi en 1981 : "The Winner" / "Same Vision". Puis elle enregistre son premier et unique 45 tours solo en 1983 chez Mosquito, "Les Indiens" / "Wallis Et Futuna", deux morceaux swingants légèrement funky (produit en ce qui concerne la face B par Wii!iam Sheller !). Dommage que sa version de "La Mémoire Qui Flanche" (de Jeanne Moreau), issue des mêmes sessions, n'ait jamais vu le jour. C'est le dernier témoignage discographique de la jolie Marie qui, un peu lassée par le milieu du showbiz et fatiguée par les maisons de disques, part travailler dans une entreprise de production de spectacles en tant que décoratrice, habilleuse, etc. Elle n'a pas lâché les baguettes pour autant puisqu'elle bat toujours la mesure avec le groupe Dupon DT.

Erik Fitoussi et Jean-Pierre Charriau, après la séparation des Garçons, montent Tabou avec d'anciens membres de Casino Music et Artefact. Malgré de bons concerts (Palladium à Paris le 26 mai 1982) et un bon accueil, le groupe abandonne sans avoir gravé le moindre sillon.

Patrick Vidal est beaucoup plus prolixe. A son retour des Etats-Unis, il rejoint Franck Darcel (ex-Marquis De Sade) et Octobre (qui a déjà sorti un album) et grave avec eux le 33tours "Paolino Parc" en 1983. Ce LP contient le presque tube "Masculin Féminin" et est produit par... Michel Esteban. L'expérience tourne court puisqu'après avoir assuré la première partie de David Bowie en mai 1983 à l'hippodrome d'Auteuil, le groupe se sépare. Frank Darcel et Patrick Vidal tentent une nouvelle expérience en 1987 sous le nom de Senso avec un 45 tours (et un maxi) produit par Adam Williams (qui a déjà travaillé avec les Silencers et Eurythmics), "L'Océan" / "Terre Etrangère". Nouvel échec commercial.

En attendant, Marie et les Garçons commencent à faire l'objet d'un culte. En 1986 sort chez Skydog la compilation "Les 30 plus grands succès du Punk" sur laquelle figure un morceau inédit datant de 1977. "Ton Amour se brise". Bien sûr. c'est Marc Zermati qui est à l'origine de ce double LP ou l'on retrouve toute la crème française de 1976-78 (Taxi Girl, Dogs, Starshooter, Asphalt Jungle, Little Bob Story...).

REFORMATIONS... ÉPISODIQUES

Fin 1987, à l'initiative de Patrick Vidal, le groupe se réunit pour la première fois et, laissant de côté les dissensions antérieures, réenregistre "Re-Bop " avec une poignée d'amis parmi lesquels Kent, Cleet Boris (de L'Affaire Louis Trio), Bijou, Lizzy Mercier Descloux, les Avions... La face B du 45 tours (paru début 1988) est un autre inédit de 1977 réenregistré pour l'occasion, "Quelque chose doit craquer". Un clip est réalisé également ainsi qu'un maxi avec la version longue de "Re-Bop" et en bonus une mini-prise baptisée "Bop" qui dure une seconde ! Ces retrouvailles se passent si bien que Marie et les Garçons remontent sur scène fin 1988 lors de l'inauguration du Truc(k) à Vénissieux.

Puis les quatre reprennent chacun leurs occupations. Patrick Vidal s'attèle à la tâche d'un LP solo en compagnie de Philippe Zamora, bassiste qui jouait déjà sur la version 1987 de "Re-Bop" et du guitariste Yann Lina. En attendant, un nouvel album de Marie et les Garçons sort en décembre 1989 chez Instant Records (New Rose). Intitulé "76-77", ce disque regroupe la toute première démo enregistrée sur deux pistes en 1976 par Jo Brache et l'autre partie du concert au théâtre Mouffetard à Paris en 1977. Sur le livret figurent une interview inédite de 1977, quelques rares photos et la reproduction de l'affiche new-yorkaise du CBGB, plus la mention "Ce disque n'est absolument pas produit". Un superbe témoignage en tout cas.

L'album de Patrick Vidal, "Histoires D'Aventures", paraît en mai 1990 et on y retrouve la guitare d'Erik Fitoussi et surtout Marie et les Garçons au grand complet sur un morceau-fleuve de 10'15, "Et les Innocents tournent en rond". Une demi-heure de répétition aura suffit avant de passer à l'enregistrement quasiment live en studio de ce titre au demeurant superbe. Ce disque est très noir mais très mature, parsemé de perles pop. ("Six AM", "Tous mes regrets") et de la très jolie reprise de "A Dream Goes On Forever" de Todd Rundgren. Patrick Vidal est toujours fidèle à Pasolini et à Burroughs {"Rien n'est vrai tout est permis"}. Toutefois, et malgré la sortie du simple "Six AM", "Histoires d'Aventures" ne remporte pas à franchement parler un grand succès commercial. Marie et les Garçons ne s'arrêtent plus et se reforment dans le cadre du 10e anniversaire de New Rose en novembre 1990. Marie Girard, Jean-Pierre Charriau, Erik Fitoussi et'Patrick Vidal remontent sur scène au Kremlin-Bicêtre pour un concert unique tandis que Patrick Vidal fait coup double en donnant également un show avec ses musiciens. New Rose fait bien les choses en éditant en 1991 l'album "Live Au Kremlin (Volume Deux)" sur lequel figurent Molodoï, les Lolitas, les Soucoupes Violentes, Patrick Vidal (version live de "Histoire d'Aventure") et surtout Marie et les Garçons pour deux morceaux choisis : "Attitudes" et "Roadrunner". Enfin, la dernière pierre discographique est sortie fin 1992 chez Skydog avec la compilation "Les Plus Grands Succès du Punk (Le Retour !)" sur laquelle on retrouve tous les frenchies de 1977, Electric Callas, Asphalt Jungle, les Lou's, Dogs... dans des titres inédits ou rares. Deux morceaux de Marie et les Garçons, de 1977, trouvent ici leur place, l'inédit "Un Samedi Midi" et une version brute de « Rien à Dire ".

Aujourd'hui Patrick Vidal continue sa carrière solo un peu dans l'anonymat, tandis que Erik Fitoussi a passé avec succès sa maîtrise de musicologie et que Pierre Charriau travaille dans l'informatique. Même si la carrière effective de Marie et les Garçons n'aura duré que très peu (trop peu) de temps à cause de décisions trop vite prises, il n'en demeure pas moins que ce groupe a laissé derrière lui une empreinte et un patrimoine qu'il est encore temps de redécouvrir.

Christophe SIMPLEX

PS de SD : Rappelons que cet article a paru dans JBM en Octobre 1994. Et Marie Girard est décédée à l'été 1996 d'une rupture d'anévrisme, à l'âge de 40 ans.
Sinon, Eric Fitoussi serait devenu libraire... Et Patrick Vidal serait-il encore DJ ??!

28 Novembre 2009 au Marché Gare à Lyon : épisode de reformation ponctuel (avec la fille de Marie, Diane Ziggy, à la batterie). Dans le cadre de "SO PUNK !" (Aspect du punk à Lyon, d'aujourd'hui à hier…/ pdf), organisé par l'Institut d'Art Contemporain de Villeurbanne.
Compte-rendu: radiopluriel

DES EPs et Albums en MP3 (Chez Amazon.fr) :

QUELQUES LIENS :

Une discographie illustrée très complète (sur un site japonais) : www.net3-tv.net/~woo-ze/marieelgarcons.htm
et une autre page pour Les Garçons tout court : www.net3-tv.net/~woo-ze/garcons.htm

PS : Il existe désormais (2007) une PAGE MYSPACE !
Qui nous a d'ailleurs piqué quelques trucs, mais jusque là on va dire que c'est pas grave. Ca permet en tout cas au profane d'écouter quelques titres du groupe...

Autre VIDéO SUR YOUTUBE
Sur celle-ci, Marie interprète le fameux titre de J.Moreau "J'ai la mémoire qui flanche". C'était lors d'une des "Nuits Bleues" organisées par Bernard Meyet (en 1983 ou 84 ?) Attention, son trop fort au contraire sur cette vidéo...

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