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ROCK & BD
(une expérience lyonnaise, 1982/1983)

Associer Rock et BD dans un même magazine, l'idée pouvait sembler très intéressante, voire juteuse pour certains… Il y a eu des mags de BD qui ont parlé de rock (Métal Hurlant en tête, dès 76 avec Manœuvre…) comme il y a eu, et il y a toujours, des mags de rock qui parlent de BD, et parfois qui en publient… Mais avec cette revue lyonnaise en 1982, l'association était peut-être un peu trop volontaire, sans doute un peu trop calculée aussi…
Moi (allez, on emploie cette personne au singulier pour une fois !!) ce qui me gênait surtout, c'est que je ne sentais pas de direction musicale chez Rock & BD. Et je ne suis pas sûr qu'il y avait beaucoup plus de direction du côté BD… On additionnait, on empilait du rock, des BD, avec en plus souvent une certaine dose de sexe supposée. Je dis supposée car moi, franchement, ça ne me faisait pas trop "bander" (on va mettre des guillemets, c'est plus correct…) non plus, le sexe vu par Rock & BD… Là aussi, ça manquait cruellement de direction artistique on pourrait dire !

Bon, quelques faits : Rock & BD a été lancé en Mars 1982 par Jean-Claude Frappant (on ignore ce qu'il avait fait avant comme on ignore ce qu'il a fait depuis…), avec le soutien logistique de Scorpio (organisateur de concerts depuis 1977). On y trouvait, au moins au départ tout le gratin (ou ramassis, selon les points de vue… et on s'y inclut !) de la presse lyonnaise rock & co d'alors (je parlerai peu de la BD parce que je connais aussi mal les intervenants que le sujet) : Yvon Rendu du Progrès, Bruno Thomas du Dauphiné Libéré, Bernard Schalsha, Cyril Deluermoz, Robert Lapassade, tous les trois plus ou moins de la première formule de Lyon Libération ? (corrigez-moi si je me trompe !). Plus Jean Forget (qui venait du Journal Rhône-Alpes à Grenoble il me semble. Jean disparu en 2005 après avoir travaillé pour diverses agences de presse), Henri-Marie Robert qui œuvrait tout comme moi dans Lyon Poche ! Etc, etc, car il y avait plein de monde sur les rangs… Et pour la BD, voir dans les sommaires : on va tâcher d'en afficher certains sur cette page (cliquez, comme sur les couvertures, pour agrandir).

Notre "vécu perso" de Rock & BD !
(On met des liens vers quelques uns de nos articles, mais vous n'êtes pas obligés de les cliquer, d'autant que ça ouvre chaque fois une nouvelle page !!)

Numéro UN avec Starshooter et Kent, ce qui pouvait sembler tout indiqué : le rock et la BD tirés du même panier ! Perso, nous avions fait (ça y est, on reprend nos mauvaises habitudes conjugationnelles) dans ce n°1 un article sur Rory Gallagher, à une époque où il n'avait plus vraiment la cote, du moins pour la presse (nous sommes dans les 80s et les trucs un peu roots étaient alors considérés comme très ringards par "l'élite branchée"…). Ah, et aussi une chronique du 2e album de 12,5°, un groupe qu'on aimait bien…
JC Frappant était donc directeur de publication. Jean Forget allait passer rédacteur en chef dès le second numéro. Un second numéro "spécial Fin du Monde" (c'était déjà à la mode) et avec nettement plus de pages BD que de rock d'ailleurs. Cette fois SD était plus dans l'époque (mince, voilà qu'on passe à la 3e personne à présent…) avec une interview de Jim Kerr de Simple Minds…
On vous épargnera notre compte-rendu de Jethro Tull au Palais des Sports qui figurait dans le n°3… Dans le 4, on continuait de ramer à contre-courant avec un papier sur Bo Diddley et pire encore une rubrique d'infos rock-blues intitulée "Alligator News" (qui n'allait d'ailleurs durer que deux numéros…). On avait aussi un compte-rendu/interview d'Alan Vega, mais son passage au Palais d'Hiver ne nous avait pas vraiment transporté…
François-Xavier Burdeyron était un peu le spécialiste BD et dans le n°5 (de l'été 82) il interviewait Dubouillon (surtout connu à Lyon pour ses "gribouillons" d'avant-dernière page dans Lyon Poche). Patrick Savey parlait des radios (alors "libres"!), Philippe Gilbert des disques "indépendants" (ça existait déjà).
Bon, on va pas continuer à évoquer chaque numéro. D'ailleurs on commençait déjà à bien s'éloigner de Rock & BD (d'autant qu'on avait du mal à voir la couleur des piges qui nous étaient dûes…), signant juste quelques critiques de disques par ci par là. Il faut quand même ajouter ce compte-rendu du festival rock de Pierrelatte (Callas, Carte de Séjour, Bijou…) dans le n°7 (d'Octobre 82). Parce qu'il n'en est question nulle part ailleurs sur le Net…

Notre désaffection n'allait (heureusement !) pas empêcher ROCK & BD de continuer pendant l'année 1983… Toujours de manière assez hétéroclite. Choix des sujets aussi discutable que l'esthétique des présentations… Difficile de fidéliser un lectorat dans ces conditions. Viendront se greffer quelques rédacteurs rock "nationaux" sans doute un peu plus pros que les locaux, comme Alain Gardinier et Jean-Luc Manet. Mais qui auront probablement tendance à écouler là tous les articles qu'ils ont envie d'écouler, sans que cela convienne forcément à un bon équilibre du journal… 

A la fin de l'année 1983 paraissait un numéro double (15 F au lieu de 12) particulièrement abondant. Chant du cygne, puisqu'il nous semble bien que c'est resté le dernier……
Au rayon BD, ROCK & BD a peut-être contribué à révéler certains dessinateurs : si vous avez un avis sur le sujet, merci de nous écrire, on rajoutera peut-être un paragraphe !

Merci à ceux (Sandrine, Christophe…) qui nous ont donné/prêté quelques exemplaires pour faire cette page !
Mais comme vous pouvez le constater, il nous manque encore quelques numéros… (Si vous les avez, merci de nous faire signe).

En fait, fin 1983, Jean-Claude Frappant, qui ne manquait pas d'idées, était déjà passé à un autre projet, un hebdomadaire nommé "BLUE JEANS". Format tabloid (en plus large) et tout bleu (voir exemplaire ci-contre, plié en deux et réduit de moitié…).

Actu et culturel, et lyonnais, et avec toujours ce petit goût pour la provocation (sexe ou autre) qui caractérisait la maison… Numéro un daté du 16 Novembre 1983. Avec un peu de BD (Rolf, puis Chatillon) et pas trop de rock, sans doute pour se changer les idées !

On y retrouvait plusieurs noms vus dans Rock & BD bien sûr… Pierre Deloney, Catherine Vial, Patrick Savey, Dr Franck, etc. Avec Henry-Marie Robert promu rédac-chef, bientôt assisté de Myriam Pélissier. Pas mal de gens de la nébuleuse Radio Bellevue aussi, dont (le regretté) Pierre Turcan…

…C'est d'ailleurs généralement lui qui signait les articles les plus polémiques. Dans le dernier que j'ai acheté (le n°12 du 1er Février 1984), il revenait sur l'affaire de l'étudiant japonais [Issei Sagawa] qui avait mangé sa copine (en partie… à Paris et en Juin 1981), ce qui avait valu plus récemment au journaliste/chasseur de scoops Jean Durieux de se retrouver en prison pour avoir publié les images du cadavre mutilé dans le magazine Photo ! (du groupe Filipacchi). Et Blue Jeans de protester contre ces "atteintes à la liberté de la presse", et de publier deux de ces photos assez insupportables en ravivant le scandale ! (et en prenant le risque d'être condamné tout comme Photo, voir coupure du Progrès ci-contre).

Autre "coup d'éclat", quelques semaines avant, on avait également pu trouver dans Blue Jeans les révélations de "Bokassa par lui-même", telles que recueillies en Novembre 1983 par Jean-Claude Chuzeville et Claude Jaget. [ceux encore intéressés par le sujet pourront trouver des détails ici].

Mais tous ces "scoops" ne suffirent pourtant pas à maintenir la parution de BLUE JEANS très longtemps…

PS : On disait plus haut ne pas avoir de nouvelles de Jean-Claude Frappant, eh bien, il a vu cette page et nous a envoyé un mail : Sa vie a changé à la suite d'une rencontre avec Henri Laborit (vers la fin des 80s peut-on supposer) et il est aujourd'hui psychothérapeute en analyse transactionnelle. Et vit à Barcelone. Et il nous a joint les liens vidéos suivants pour témoigner de ses activités : www.youtube.com/… / www.youtube.com/… / www.youtube.com/… .

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